La rentrée 2018 dans la voie professionnelle

UNE RÉFORME DANGEREUSE POUR LES JEUNES COMME POUR LES PROFESSEURS DE LYCÉE PROFESSIONNEL

C’est dans un contexte de mise en danger avéré de la Fonction Publique, de baisse des futures retraites et du pouvoir d’achat des fonctionnaires et des retraités et de rabotage des aides sociales que s’organise cette deuxième rentrée du gouvernement d’Édouard Philippe. Réduction des périmètres des missions des personnels, transfert de services entiers au privé, remise en cause des statuts des fonctionnaires, recours accrus aux contrats, menaces sur le paritarisme sont autant d’attaques que nous devrons combattre cette année. Le SNUEP-FSU avec la FSU continuera à mener des actions en faveur du développement de la Fonction Publique et du renforcement de la voie professionnelle scolaire. L’ensemble de la population doit bénéficier de services publics de qualité sur l’ensemble du territoire, la santé comme l’éducation doivent rester gratuits et accessibles à toutes et tous. La formation, les statuts, les conditions salariales comme les conditions de travail des personnels sont des éléments constitutifs et indispensables de cet objectif. C’est pourquoi le SNUEP-FSU s’engage à défendre la profession et un projet éducatif ambitieux pour tous les jeunes : il organisera des réunions, des colloques, des stages, des heures d’information syndicale pour informer, échanger et construire des propositions et les mobilisations nécessaires avec les personnels.

« Revalorisation de la voie professionnelle » : un slogan mensonger
Depuis plus d’un an, le ministre de l’Éducation nationale a beaucoup « communiqué » autour de la voie professionnelle : la prétendue seconde priorité de son mandat, la « revalorisation » à venir des 2 systèmes (scolaire et apprentissage), l’estime forte pour les enseignant·es, les jeunes au cœur des réformes etc.
En réalité, seul l’apprentissage a profité de ses largesses et de celles du gouvernement. Ce sont les exigences et les revendications passéistes des organisations patronales, MEDEF en tête, qui ont bénéficié de l’écoute attentive du ministre. Ce sont elles qui sont sur les rails pour les 3 ans à venir : un véritable recul est en marche.
Car la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » diminue la part de la taxe d’apprentissage destinée aux lycées professionnels et redonne la main de la formation des jeunes aux entreprises. Les contenus de formation comme les diplômes professionnels vont de nouveau être de la responsabilité des organisations patronales. Les savoirs professionnels seront réduits à leur fonction utilitariste (apprentissage des gestes techniques) – comme ils l’étaient d’ailleurs avant la scolarisation de la voie professionnelle – au détriment de savoirs et savoir-faire complets, techniques et méthodiques. Les jeunes seront de nouveau utilisés comme une main d’œuvre peu coûteuse, échangeable, interchangeable. D’aucune façon, ce système de « formation », qui n’a de réalité que le nom, est un gage de lutte contre le chômage des jeunes. Au contraire, il laisse sur le bord du chemin 4 jeunes sur 10 qui, subissant des ruptures de contrats d’apprentissage, se trouvent dans l’impossibilité de passer leur diplôme donc d’obtenir un premier niveau de qualification. Contrairement aux propos médiatiques du ministre, un jeune mineur qui entre en apprentissage poursuit très rarement son cursus vers une qualification plus élevée : baccalauréat ou BTS. Pourtant toutes les études sont concordantes, le diplôme et le niveau de diplôme sont des éléments essentiels pour une entrée durable dans le monde du travail et pour actionner les dispositifs de la formation continue.

Pour le SNUEP-FSU, ce choix de développer toujours plus l’apprentissage est irresponsable du point de vue des jeunes et de celui de la société dans son ensemble.
La réelle motivation du ministère est de se désengager de ses missions de services publics de la formation professionnelle des jeunes en la transférant progressivement aux entreprises.
L’avenir des jeunes, c’est notre métier. Nous continuerons à œuvrer pour que tous les jeunes bénéficient d’une formation globale et équilibrée dispensée dans des établissements publics par des personnels formés.

Une rentrée sans aucune amélioration : une priorité encore manquée !
e SNUEP-FSU alerte régulièrement le ministère sur les conditions de travail alarmantes des personnels et les conditions d’études des jeunes de la voie professionnelle. Les réalités dans les établissements et certaines filières sont emblématiques de choix politiques qui nécessitent des mesures urgentes. Dédoubler les classes de secondes, réduire à 24 élèves maximum les effectifs des classes, interdire le regroupement des filières CAP dans les disciplines générales ou encore augmenter le nombre de personnels pour améliorer le travail des équipes pluriprofessionnelles sont des revendications légitimes que le SNUEP-FSU porte. Ces propositions du SNUEP-FSU, qui émanent des équipes sur le terrain et dont la mise en œuvre est réalisable sans réforme structurelle, relèvent d’une exigence sociale. Or, le ministère refuse de dédier les moyens nécessaires et indispensables pour remédier aux difficultés majeures des lycées professionnels. Au lieu de ça, le ministère a décidé d’une réforme qui aggravera encore les inégalités entre les jeunes, entre les filières et entre les établissements. Le SNUEP-FSU continuera de porter les besoins et les exigences de la profession dont l’expertise doit être entendue.

Le spectre de la réforme plane dans tous les établissements
Le SNUEP-FSU dénonce avec force les grands axes de la réforme de la voie professionnelle arbitrés par le ministère. La réduction des temps d’enseignements généraux engendrera des difficultés accrues pour tous les jeunes ; et plus particulièrement pour celles et ceux qui choisiront de poursuivre leurs études dans le supérieur. La spécialisation à un métier, repoussée en 1re, impliquera une véritable déprofessionnalisation de la formation. Le baccalauréat se préparera ainsi en 2 ans au lieu de 3 actuellement. La création de « classes passerelles », non diplômantes, non qualifiantes et imposées en heures supplémentaires ne masquera pas les effets de Parcoursup qui a exclu du supérieur les bachelier·es professionnel·les. L’implantation des UFA dans tous les établissements aura des répercussions immédiates sur les conditions de travail des personnels car mixer les publics et les parcours génère des organisations pédagogiques intenables. Nos statuts, qui garantissent nos droits et nos missions d’intérêt général, seront fortement fragilisés. Ce sont des générations complètes de jeunes que le ministère va sacrifier et précariser encore plus.

Des actions nécessaires
Dans ce cadre de casse organisée de la formation professionnelle scolaire, Le SNUEP-FSU appelle tous les personnels à participer massivement à toutes les réunions d’information, stages, colloques… qu’il organisera cet automne sur l’ensemble du territoire. Il appelle les militant·es à organiser une heure d’information syndicale le 18 septembre dans tous les établissements pour échanger et construire avec la profession une mobilisation forte contre ce projet. Si dans les académies des intersyndicales construisent déjà des mobilisations, la responsabilité des syndicats nationaux est de faire front commun. Dans tous les cas, avec la profession, le SNUEP-FSU prendra ses responsabilités.
Pour le SNUEP-FSU, cette réforme est sérieuse et dangereuse pour l’ensemble des jeunes et pour les personnels. Il appelle à une rentrée engagée car l’avenir des jeunes c’est notre métier.
Le SNUEP-FSU, dont les militant·es quel que soit leur niveau d’implication dans le syndicat sont toujours dans les établissements avec les élèves et avec la profession, appelle les personnels à s’engager et à voter pour les élections professionnelles du 29 novembre au 6 décembre prochain. Le choix d’une organisation syndicale engagée, responsable, combative et éthique est essentielle pour l’avenir de la voie professionnelle, des jeunes et des PLP. Le SNUEP-FSU est engagé sur cette base pour les années à venir.