Déclaration CTA 8 mars

Ce CTA se déroule un 8 mars, journée internationale des droits des femmes. La FSU n’a jamais réduit la lutte pour le droit des femmes à cette journée, mais cette dernière permet de s’arrêter quelques instants sur le bilan peu reluisant de la condition féminine aujourd’hui. La Fonction Publique et l’Éducation Nationale n’échappent pas au constat général : chez les personnels, les
carrières des femmes sont moins rapides et les inégalités de revenus persistent. Dans l’enceinte de l’École, l’orientation reste marquée par le genre, les programmes et les manuels scolaires ne font que peu de place au rôle des femmes dans l’histoire et la société, quand elles ne sont pas réduites à des rôles traditionnels ou à des stéréotypes. L’école est un lieu d’émancipation et un instrument de lutte contre les inégalités, il y a donc urgence à ce qu’elle intègre davantage les questions de genre dans la définition des programmes, dans les politiques de ressources humaines ou encore dans le contenu de la formation initiale et continue. Nous regrettons que ce CTA soit programmé le 8 mars après-midi, nous obligeant alors à scinder notre délégation en deux et nous empêchant de participer soit aux travaux de cette instance, soit aux manifestations prévues cet après-midi. C’est ce qui explique que la représentante du SNUASP-FSU ne soit pas présente au CTA. Le métier d’assistante sociale est emblématique de la condition féminine aujourd’hui : 95% des AS sont des femmes, elles doivent encore se battre pour obtenir une vraie reconnaissance de leurs qualifications. La perspective d’une minuscule catégorie A en février 2018 n’est pas satisfaisante. Leur employeur leur demande de travailler dans des conditions de
plus en plus difficiles, sur tous les fronts avec de moins en moins de moyens, sans réelle considération sur leurs revendications. Comme de nombreux autres métiers féminisés, la revalorisation salariale, selon le principe légal « à travail égal, salaire égal », l’amélioration des conditions de travail, la reconnaissance de la pénibilité du travail est un impératif. Revaloriser les métiers à prédominance féminine est un levier essentiel pour la mixité des métiers et l’évolution des mentalités.

Ce CTA examine la répartition des nouveaux moyens pour les personnels administratifs, les CPE, les postes infirmiers, d’assistants sociaux, de personnels de direction, autant de catégories de personnels indispensables au bon fonctionnement d’un établissement et à la réussite des élèves. Les mesures de rentrée présentées (création et déploiement) ne permettent pas de
compenser l’ensemble des suppressions commandées par la RGPP. La situation en poste administrative est, à ce titre, terriblement révélatrice : notre académie obtient 10 ETP pour la rentrée 2017, au rythme de 5 dernières années il faudrait un siècle pour récupérer le nombre de postes supprimés entre 2007 et 2012 ! Quand aux moyens supplémentaires accordés pour les services sociaux, nous rappelons que la FSU demande la création d’un véritable service social pour le primaire avec les créations en masse de postes, et s’oppose à tout redéploiement des moyens existants. Ce redéploiement à l’oeuvre sur les Yvelines a amené à la politique qui consiste à retirer progressivement des lycées généraux et technologiques l’intervention régulière du service social en faveur des élèves alors que c’est le seul service de prévention qui existe encore pour les grands ado et jeunes adultes, service indispensable pour prévenir les décrochages liés au passage à la majorité et à la prise d’autonomie. Nous dénonçons ces choix et redemandons que les moyens soient de nouveau affectés dans les établissements du
secondaire.

Il convient de bien mesurer la charge de travail accrue de tous ces personnels confrontés à des tâches de plus en plus lourdes, dans un contexte d’établissement parfois difficile, notamment en raison des effets persistants de la crise économiques. La construction d’un climat scolaire favorable à la réussite et l’épanouissement de tous les élèves est l’affaire de tous et nécessite des moyens à la hauteur.

Lors d’un précédent CTA, nous vous avions interpellé sur les difficultés entraînées par une mise en place des nouvelles formes d’évaluation en collège : bulletins à rallonge, pressions hiérarchiques pour remplir, de manière normée, des items pourtant non obligatoires dans les bulletins, logiciels non adaptés…En dépit de vos paroles rassurantes et de promesses de diffusion de recommandations dans les bassins auprès des chefs d’établissement, les problèmes persistent. Ici, des collègues se voient sommés de remplir de nouveau certains bulletins, sous
peine de blocage lors de la bascule dans le LSU, là les professeurs sont convoqués en formation pour travailler sur l’évaluation par compétences et repartent avec un tableau de 19 pages pour que ce mode d’évaluation soit ensuite repris dans les établissements pour une évaluation uniquement par compétences. La liberté pédagogique des personnels ne saurait être sacrifiée sur l’autel d’injonctions hiérarchiques.

Les interrogations sont également nombreuses sur la session 2017 du DNB, dont nous contestons la nouvelle architecture, notamment parce qu’elle met de côté des disciplines pourtant fondamentales dans la culture commune des élèves, à l’image de l’EPS, mais aussi des disciplines artistiques et des langues vivantes, dont les notes ne comptent plus alors qu’auparavant, elles faisaient partie du contrôle continu comme les autres disciplines. A quatre mois de l’épreuve, certaines disciplines n’ont toujours pas de sujet zéro et la plus grande incertitude règne sur les modalités pratiques d’organisation de certaines épreuves (par exemple, l’épreuve dite de « sciences »).

La multiplication des injonctions liées à ce nouveau mode d’évaluation, à la mise en place de la réforme du collège, les incertitudes liées à l’organisation du brevet, tout concourt à un épuisement des personnels en collège, et même à une forme de souffrance au travail qu’il est urgent que l’institution reconnaisse.

Sur ce plan, la politique académique en matière de santé et de prévention des risques a progressé en quelques années ; mais il reste de nombreux points sur lesquels il est urgent d’avancer comme par exemple sur les conditions de travail des personnels affectés sur des postes fractionnés, itinérants ou sur plusieurs établissements, alors même que le CHSCT-A a rendu un avis à ce sujet en mars 2015. Le bilan social est un outil riche de nombreuses données, mais il convient d’en faire un véritable support d’une politique académique de prévention des risques.

Par ailleurs, des actes de violence à l’encontre de l’École, des élèves et des personnels, ont eu lieu dans certains établissements de l’académie ces derniers jours. Nous condamnons toute forme de violence et apportons notre soutien aux personnels visés. Nous rappelons aussi que le droit à manifester des élèves doit pouvoir s’exercer, sans entrave. Les provocations ou sur-réactions des forces de l’ordre ne font que tendre un climat déjà compliqué. Il est du ressort des pouvoirs publics de gérer avec responsabilité les événements de ces dernières semaines autour des établissements scolaires.

Enfin, à un mois et demi de l’élection présidentielle, force est de constater que le débat politique n’est pas marqué par une grande sérénité ! Comme souvent, c’est l’extrême droite qui profite de
ce climat d’incertitudes, déroulant alors un programme et des mesures fondamentalement opposées aux valeurs de la République. La FSU continuera à combattre sans relâche les idées racistes et xénophobes portées par le Front National, dont la conception de l’École porte en elle le germe d’une école réactionnaire et discriminatoire.