Déclaration préalable FSU CTA 12 mars 2018

Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs les membres du CTA,
Ce CTA est consacré à la répartition des moyens en personnels administratifs, infirmiers, sociaux et personnels de direction. Ces personnels sont essentiels au quotidien dans les établissements et il est indispensable, pour la qualité du service public, qu’ils soient en nombre suffisants dans les collèges et lycées. Pourtant, ce CTA ne présentera aucune création de postes pour les assistantes sociales. Il
y a pourtant urgence à renforcer les services sociaux alors que les inégalités économiques et sociales sont loin d’être résorbées et qu’elles s’aggravent même dans certains territoires de notre
académie. Pour les personnels des services sociaux, après plusieurs mois d’attente, le dialogue social engagé avec les responsables des services et du Rectorat a bien commencé lors du dernier groupe de travail. Nous espérons qu’il se poursuivra, notamment lors de l’audience du 26 mars, où où nous ne manquerons pas de les interpeller sur la question des moyens et notamment des primes.
Dès maintenant, la FSU dénonce la baisse effective du CIA de nos collègues contrairement à un engagement pris lors d’un précédent CTA. Nous souhaitons qu’un bilan de la politique rectorale en
matière de service social soit présenté à l’occasion d’un CTA.
Un œil sur l’agenda permet de constater que les semaines à venir sont bien remplies. Les annonces gouvernementales s’enchaînement, comme autant de pièces d’un puzzle qui dévoile, pour qui en doutait encore, son extrême cohérence.
Tout d’abord, ce CTA se tient la veille de la date butoir pour la saisie des vœux dans ParcourSup. Un premier bilan peut être tiré de cette nouvelle procédure d’orientation post-bac. Il est édifiant.
Comme la FSU l’avait analysé, ParcourSup représente une régression sans précédent dans l’ambition démocratisante de notre système éducatif. La procédure complexe, aux contours mouvants a mis en difficulté bon nombre d’élèves et leurs familles. Les officines privés ont alors fleuri pour proposer des services allant jusqu’à 900 euros. Pour la FSU, le service public d’éducation ne peut s’accommoder de telles dérives.
La Ministre de l’enseignement supérieur se targue de financer la création de 220000 places dans le supérieur, dont 3000 en Ile de France. Rappelons aussi, à toutes fins utiles, que comme cela est
indiqué dans le diaporama diffusé par le SAIO aux chefs d’établissement, 3416 élèves supplémentaires sont attendus dans le post-bac, rien que dans l’académie de Versailles. L’inspection
générale reconnaît elle-même dans une note récente que «ParcourSup pose des problèmes philosophiques ou techniques liés à l’examen des candidatures». Quant aux textes règlementaires,
enfin parus, plusieurs mois après le début de la procédure, ils comportent des dispositions scandaleuses comme la sortie pure et simple de l’application des élèves dans certaines hypothèses
de non confirmation des vœux.
Pour la FSU, le recours au tirage au sort dans APB était insupportable. La solution proposée n’a montré aucune amélioration : élèves et familles désemparés, charge de travail accrue pour les
personnels, service public affaibli et surtout, une logique de tri social inacceptable, qui va empêcher certains élèves de poursuivre leurs études dans la filière souhaitée, faisant fi d’année d’expérience
prouvant que les élèves évoluent, progressent, changent d’avis…ce déni du droit de se tromper, montre le peu de considération avec laquelle le gouvernement traite la jeunesse. A l’inverse, attaché
à l’élévation du niveau de qualification et à l’ouverture de l’enseignement supérieur au plus grand nombre, le SNES-FSU appelle les personnels à ne pas barrer la route aux élèves dans les filières universitaires non sélectives.

Cette semaine est aussi celle de la première commission spécialisée du CSE qui étudiera les différents textes sur le nouveau bac. Ce dernier s’articule étroitement avec la nouvelle organisation des enseignements en lycée présentée par Jean-Michel Blanquer en février dernier. Alors que ce dernier annonce vouloir simplifier le bac, ce sont finalement pas moins de 29 épreuves qu’un élève
sera amené à passer pendant l’année de 1ère et de terminale. Voilà une définition très disruptive du concept de simplification ! La logique de fond de la réforme est la même que celle de ParcourSup :
sous couvert de libre choix pour l’élève, c’est bien une forme de tri qui ne dit pas son nom, en enfermant les élèves de manière très précoce dans des parcours pré-déterminés, en étroite articulation avec les attendus de ParcourSup. A 16 ans, un élève devra donc avoir un projet précis, ne jamais perdre de temps, ne jamais hésiter, sans avoir le droit à l’erreur. Parce que ces projets de réformes du bac et du lycée sont construits à partir de cette conception extrêmement réductrice et peu ambitieuse de l’avenir de la jeunesse, la FSU y oppose la nécessité de penser une réforme du lycée et du bac émancipatrice, outil de lutte contre les inégalités sociales persistantes. Le SNES-FSU soutient donc la mobilisation des organisations lycéennes le jeudi 15 mars. Quant à la réforme du lycée professionnel, sa finalité est à l’opposé du projet éducatif porté par la FSU : le rapport Calvez-Marcon prône l’excellence pour quelques-uns en fragilisant la réussite de tous. Les lycées professionnels deviennent des sas pour préparer les jeunes, non pas à un métier, mais à entrer en apprentissage. La FSU ne peut accepter une telle dévalorisation de la voie professionnelle !
Enfin, c’est aussi cette semaine que se tiennent, dans les départements de notre académie, les groupes de travail créations et suppressions de postes. Les premières analyses confirment que les
assouplissements actés par le Ministre en juin 2017, plutôt que de contrecarrer les effets délétères de la réforme du collège, les ont amplifiés. Ainsi, dans certains départements, les suppressions de
postes en technologique, en lettres classiques se poursuivent, alors même que le Ministre se vante d’avoir redonné du souffle à l’enseignement des lettres classiques. Les conditions de préparation de rentrée confirment la tendance à la dégradation des conditions d’enseignements dans les collèges.
Mais si l’agenda du Ministre de l’Education Nationale, celui de la FSU l’est tout autant. La FSU, au sein d’une large intersyndicale, appelle ainsi les fonctionnaires à la grève le jeudi 22 mars. Comme un symbole des projets gouvernementaux, les annonces de réformes dans la Fonction Publique sont révélatrices du projet de société que porte le gouvernement : une société où les espaces de solidarité,
notamment les services publics, sont durablement affaiblis, d’une part par les suppressions de postes annoncées (près de 120000 postes, auquel l’Education National devra prendre sa part,
vraisemblablement par l’intermédiaire de la réforme du lycée), d’autre part par la remise en cause du statut de fonctionnaire. La suppression des protections collectives et individuelles existantes
transformeraient en profondeur la Fonction Publique, en en faisant un outil au service des intérêts particuliers plutôt qu’au service de l’intérêt général. Ces projets vont à l’encontre de l’impératif de
renforcement des services publics, d’amélioration des conditions de travail des Fonctionnaires.
C’est nier l’essence même de nos métiers : servir l’intérêt général et défendre des valeurs de solidarité et d’égalité. La FSU dénonce ces projets dangereux et réaffirme son attachement au statut des Fonctionnaires qui doit être renforcé, et amélioré dans un contexte où notre société, traversée par des inégalités multiformes, a plus que jamais besoin de services publics et des Fonctionnaires.
Une politique salariale ambitieuse s’impose également à rebours des mesures injustes et teintées de provocations annoncées par le gouvernement (journée de carence, gel du point d’indice, report du
PPCR).
L’agenda des réformes est bien rempli. Mais parce qu’elles sont au service d’un projet de société profondément inégalitaire et injuste, à l’opposé des valeurs que nous portons pour nos élèves et nos
métiers, la FSU saura y opposer un agenda de campagnes et de mobilisations pour les services publics, notamment le service public d’Education.